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L’altermondialisme (1/3) : quelles racines ?

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Certes, l’altermondialisme s’est développé dans un contexte récent, comme nous le verrons. Mais nombre de ses racines se situent dans un passé plus ou moins proche. A vrai dire, on en distingue trois.

La première relève d’une des formes du socialisme, développée au XIX° siècle : le socialisme utopique. Cette forme de socialisme cherchait déjà à véhiculer une alternative au capitalisme naissant, autour, par exemple, de Charles Fourier. Ce socialisme a porté l’idée d’autogestion dans la société: celle-ci pourrait être uniquement faite d’associations.

La deuxième, c’est tout simplement l’anarchisme et le marxisme. Proudhon voulait ainsi que la société soit une fédération de libres associations. L’association altermondialiste Reclaim the streets s’y fonde en partie. Quant au marxisme, il a influencé la lutte altermondialiste non pas sur les sujets environnementaux, mais bien sur les dénonciations d’inégalités criantes au sein des populations.

Enfin, l’altermondialisme est à rapprocher des manifestations des années 1960. Le mouvement hippie, notamment fondé sur la préservation de l’environnement, peut être rapproché de certaines thèses altermondialistes. L’altermondialisme dénonce actuellement des sociétés consuméristes ou utilitaristes, comme l’avaient fait les hippies quarante ans auparavant. Citons durant cette période René Dumont, Herbert Marcuse, etc.

A vrai dire, le mouvement altermondialiste est devenu médiatique depuis les années 1990, au moment même où la mondialisation « ultralibérale » battait son plein. A cette époque, il valait d’ailleurs mieux parler d’antimondialistes que d’altermondialistes, tant la critique du libéralisme était forte. Toute forme d’action contre les politiques libérales était bonne : citons le mouvement néo-zapatiste mexicain, qui a soutenu la cause des indiens du Chiapas en 1994 face à l’uniformisation culturelle véhiculée par la mondialisation. Il était dirigé par le sous-commandant Marcos, figure toujours prégnante de l‘altermondialisme.

Mais la véritable « bombe » apparait à Seattle en 1999, lors d’un round de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Alors que l’OMC voulait lancer « le Sommet du millénaire », syndicats (tel que l’AFL), organisations écologistes (Greenpeace), organisations paysannes (la Confédération Paysanne de José Bové) ont manifesté contre ce symbole de la mondialisation, l’OMC, récemment créée, accusée de pratiquer des politiques appauvrissant les populations du Sud, notamment au niveau agricole. Et l’un des leaders de l’association Public Citizen, face à ce mouvement de foule, déclara, tout heureux, que « la mondialisation s’[était] heurtée à l’obstacle incontournable de la démocratie de la base ».

Depuis ce temps, l’antimondialisme est clairement devenu altermondialisme, organisant des contre-manifestations, par exemple lors de différents forums sociaux mondiaux, faisant écho au forum économique de Davos, réunissant les forces économiques libérales. La première édition s’est tenue à Porto Alegre, au Brésil, en 2001. A son origine, on trouve ce qui est certainement l’association la plus emblématique du mouvement altermondialiste, l’Association pour la Taxation des Transactions financières (ATTAC), qui, comme sa dénomination l’indique, souhaite s’attaquer aux flux « invisibles » de la mondialisation, les transactions financières. C’est à Porto Alegre que le slogan définissant l’altermondialisme, « un autre monde est possible », est créé. Et avec lui, toute une nébuleuse bien destinée à proposer une alternative crédible au libéralisme.

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